Texte de Calamity Kane et dessin de Stun Lee
Le texte et le dessin ont été réalisé sous multiples contraintes en 10 minutes.
Au bas d’une fenêtre sur cour, un poupon joufflu se baladait en aiguisant les dernières armes de son discours télévisuel. Protégé par sa coquille de Neuilly sur seine, fragile et ornementale coquille, le gastéropode bien-né laissait derrière lui une traine baveuse cristalline au soleil comme les vestiges de son règne déchu.
Il disait : Ce soir, un enfant est mort. Mais l’est t-il vraiment ? Accrochez-le sur tous vos pendentifs, citez son nom dans tous les livres saints : vous en ferez un mort vivant. Finalement, était-il innocent ? C’était un candide coupable, un adulte avant l’heure, c’était un petit géant fourbe qui poursuivait son rêve sur les pelouses de Sainte-Soline. Il cherchait les moulins de son cœur que son institutrice lui chantait en comptines douces et n’a trouvé qu’une pluie de balles en caoutchouc. Soit. SAINTE CARNE mère de toutes les viandes, composez une prière, agenouillez vous et que toutes les pleureuses écrivent une ode à la gloire de cet illustre bout-de-chou. Priez pour nous pauvres prêcheurs, c’est un enfant coupable que le ciel a voulu garder par une nuit de combat. La lune n’était pas assez pleine, la lune n’était pas assez ronde, la lune était trop croquée à demi pour le prendre en entier dans ses bras. Maintenant que tous les lieux de cultes ont été bâtis en quatre ans, il faut déployer le cadavre et se livrer a la meilleure des récupérations politiques. Qui aura les meilleurs morceaux de l’enfant? Mais soudain SAINTE CARNE MÈRE DE DE TOUTES LES VIANDES arrive en gueulant. Des entrecôtes pendantes à ses lobes d’oreille sacrifiés, elle gueule pour se sentir exister, comme un insecte impuissant à qui il ne reste plus que ça . Elle réclame le meilleur morceau de l’enfant. Donnez-moi son cœur ! Car je n’en ai pas. Donnez moi quelque chose qui bat, quelque chose de bouillu, quelque chose de craché, mettez sur ma langue un organe encore vierge de toute souillure. Je ferai de son visage un drapeau plus tard et je laisse ses orteils aux médias. Donnez ses globes oculaires à la justice, elle est aveugle depuis trop longtemps.
Mais soudain Dieu apparaît comme un cheval au galop interrompt le discours de l’hermaphrodite baveux. Le ciel s’ouvre pour faire pleuvoir des pavés sur toutes les antennes, et sur les casques des militaires, sur les pontes de la DGSE, sur la vieille qui fait-elle même son pain et sur tous ceux qui font la queue. Dieu et Sainte Carne entament un tango venimeux, à l’abri de la lune bouillie, sonnent toutes les cloches des cathédrales en feu, pleurent tous les sacristains érudits qui perdent leurs cheveux, le cheval est libre de toutes les foudres, et la statue de la liberté à des caméras de surveillance au fond des yeux.